1. Le poète du gore
Lucio Fulci n’était pas qu’un réalisateur de films d’horreur. Avant d’être surnommé le “Godfather of Gore”, il avait une formation en médecine et en arts. Ses études de médecine, bien qu’inachevées, lui ont permis de mieux comprendre l’anatomie humaine, un atout qu’il a exploité pour créer des scènes de violence viscérales et réalistes dans ses films. Il se voyait pourtant davantage comme un poète tragique, capturant à l’écran des visions cauchemardesques pour révéler la noirceur de l’âme humaine.
2. Une entrée atypique dans le cinéma
Fulci a commencé sa carrière dans le monde du cinéma comme assistant réalisateur, notamment pour Steno, un grand nom de la comédie italienne. Cette expérience l’a amené à réaliser lui-même plusieurs comédies dans les années 1960, comme I maniaci. Ces débuts comiques, bien que moins connus, ont jeté les bases de son style narratif fluide et de sa capacité à jongler avec les tons.
3. La censure et les polémiques
L’un de ses films les plus célèbres, Non si sevizia un paperino (1972), a été la cible de violentes critiques et de censure en Italie. Le film mélangeait horreur et drame social en explorant des thèmes tabous comme la religion, la superstition et l’hypocrisie des petites communautés rurales. Une scène controversée où une sorcière (jouée par Florinda Bolkan) est lynchée en pleine nature a conduit à de vives protestations de la part de groupes religieux. Fulci, pourtant athée, a toujours défendu son œuvre comme un miroir brutal mais nécessaire de la société italienne.
4. Rivalité avec Dario Argento
Souvent comparé à son contemporain Dario Argento, Fulci a toujours cherché à se démarquer. Si Argento misait sur des intrigues sophistiquées et une esthétique baroque, Fulci préférait un style plus cru et viscéral, s’intéressant davantage à la peur primale. La rivalité entre les deux hommes était largement amplifiée par les médias, bien qu’ils aient reconnu mutuellement leur talent. Fulci, en revanche, s’est souvent plaint que les critiques italiens le considéraient injustement comme un “réalisateur de série B”.
5. Zombi 2, un succès inattendu
En 1979, Fulci réalise Zombi 2, pensé comme une réponse opportuniste au succès de Dawn of the Dead de George A. Romero (sorti sous le titre Zombi en Italie). Ce qui aurait pu être un simple film d’exploitation est devenu un chef-d’œuvre du cinéma d’horreur grâce à la maîtrise visuelle de Fulci. La fameuse scène où un zombie affronte un requin sous l’eau est devenue l’une des plus iconiques du genre. Fulci a admis plus tard que cette scène, autant audacieuse que dangereuse, était un défi qu’il s’était imposé pour prouver son talent.
6. Les collaborations tumultueuses
Fulci était connu pour son caractère difficile sur les plateaux. Il exigeait un contrôle absolu sur ses films et entrait souvent en conflit avec ses producteurs et collaborateurs. Lors du tournage de Lo squartatore di New York (1982), un film particulièrement controversé pour ses scènes de violence extrême, Fulci aurait ignoré les recommandations du producteur pour réduire l’intensité graphique. Ce film reste l’un de ses travaux les plus critiqués mais aussi les plus influents dans le genre du giallo.
7. Une santé fragile et un destin tragique
Dans les années 1980, Fulci a été diagnostiqué avec un diabète sévère qui a lourdement impacté sa carrière. Incapable de travailler à plein régime, il a été relégué à des productions à plus petit budget. Malheureusement, ses dernières années ont été marquées par la solitude et les difficultés financières. En 1996, alors qu’il s’apprêtait à collaborer avec Dario Argento sur un projet intitulé Wax Mask, Fulci est décédé brusquement d’un diabète non traité.
8. Un héritage redécouvert
Lucio Fulci a longtemps été considéré comme un réalisateur mineur en Italie, mais son œuvre a connu un regain d’intérêt dans les années 1990 grâce à des cinéastes comme Quentin Tarantino et Guillermo del Toro, qui l’ont cité comme une influence majeure. Aujourd’hui, des films comme L’Au-delà ou Frayeurs sont étudiés pour leur approche singulière de l’horreur et leur capacité à créer une atmosphère cauchemardesque unique.
9. L’homme derrière la caméra
Malgré son goût pour le macabre à l’écran, Fulci était connu pour son humour mordant et son affection pour ses proches collaborateurs. Il se considérait comme un éternel incompris, souvent rejeté par le public mainstream mais vénéré par les amateurs de cinéma d’horreur. Dans une interview, il a déclaré : “Je ne fais pas des films pour plaire. Je fais des films pour déranger, pour réveiller les spectateurs de leur léthargie.”